Neuf variétés Bouquet se déploient dans le vignoble languedocien

Elles sont naturellement tolérantes aux maladies de la vigne (oïdium, mildiou), la promesse de grands vins et adaptées au climat méditerranéen.
Que demander de plus ?  Qu’on soit consommateur, producteur ou simplement citoyen soucieux de la préservation de l’environnement, les variétés « Bouquet » ont tout pour plaire !

Neuf d’entre elles pourront le prouver à partir de 2025. 

C’est l’accord conclu entre l’INRAE, qui en est l’obtenteur, et la filière viticole occitane (CIVL, InterOc, IVSO), le 27 février 2023, lors du Salon International de l’Agriculture, à Paris.

 

De gauche à droite : Richard Planas, représentant d’InterOc, Jean-Benoît Cavalier, président de la Commission technique du CIVL, Philippe Mauguin, PDG de l’INRAE, Christophe Bousquet, président du CIVL, Bernard Angelras, président de l’IFV, et Joël Boueilh, co-président de l’IVSO.

Une nouvelle ère

« Convaincue des atouts des variétés Bouquet, la filière languedocienne s’est investie depuis des décennies en faveur de leur déploiement dans le vignoble, explique Christophe Bousquet, président du CIVL.  Au travers de contrats de recherche lancés en 2013 avec l’INRAE de Pech Rouge, de travaux de la Chambre d’agriculture de l’Aude et du dispositif expérimental Oscar Oc mené depuis 2018 avec le soutien de la Région Occitanie et les Chambres d’agriculture languedociennes, le CIVL a investi beaucoup de temps, d’énergie et de budget pour améliorer notre connaissance de ces variétés. Aujourd’hui, c’est chose faite et une nouvelle ère s’ouvre. »

Cette « nouvelle ère » est celle l’intégration de neuf variétés Bouquet dans la liste officielle française des cépages déployés dans le vignoble hexagonal pour la production de vin. C’est l’objet central de cette lettre d’intention. En effet, jusqu’à aujourd’hui, ces variétés ne pouvaient pas être plantées librement, ni être destinées à la production de vin.  Matériel végétal « jeune », il leur fallait franchir des étapes de validation avant un tel déploiement.

« Cet accord va permettre d’intégrer ces variétés au classement français dès 2025, explique Richard Planas, représentant d’InterOc. C’est une réelle satisfaction car elles sont une réelle réponse aux défis contemporains auxquels nous sommes confrontés. Ce sont d’authentiques variétés « durables » : elles préservent à la fois l’environnement, l’équilibre économique des exploitations et sont la garantie de grands vins et de plaisir à venir pour des générations de consommateurs. »

 

Des variétés qui cochent tous les cases

Telle était l’ambition de leur sélectionneur, le chercheur Alain Bouquet. Il débute ses travaux en 1974. Son objectif était de sélectionner des variétés de vignes qui répondent simultanément à trois critères : faculté d’adaptation aux terroirs languedociens, qualité organoleptique et tolérance aux maladies cryptogamiques permettant de réduire substantiellement l’usage des produits phytosanitaires. « L’objectif est de créer des variétés résistantes aux maladies et non aux consommateurs », avait coutume de dire le père de ces cépages, aujourd’hui disparu.

Le pari fut gagné. En s’appuyant sur les principes de la sélection paysanne, après trente-cinq ans de croisements naturels avec des cépages traditionnels du Languedoc, Alain Bouquet produisit plus de 32 variétés de vignes nettement moins dépendantes au cuivre et au souffre pour se protéger des attaques de mildiou et d’oïdium. Résultat : un environnement préservé avec significativement moins d’intrants. C’est également une baisse des coûts pour   le vigneron (-52%) et moins d’émission de carbone (-57 %), selon les données publiées par l’INRAE.

« C’est l’ensemble de l’Occitanie qui se met en marche collectivement pour la résilience de nos vignobles. C’est une avancée importante pour la durabilité de notre viticulture tout en conservant la typicité organoleptique et la diversité de nos cépages », se réjouit Joël Boueilh, co-président de l’IVSO.

 

Des parcelles expérimentales de variétés Bouquet en Languedoc depuis 2006

Avant d’acter du déploiement d’une variété dans le vignoble français, il fallait l’évaluer. L’INRAE a débuté ce travail pour les variétés Bouquet, dans l’Aude, depuis 2006. Mais un vrai coup d’accélérateur fut donné avec le projet expérimental Oscar Oc qui, a permis, dans un cadre réglementaire très strict, de tester neuf variétés Bouquet sur l’ensemble du bassin viticole languedocien.

Ce projet Oscar Oc est le fruit d’une première convention entre la filière viticole occitane avec l’INRAE et l’IFV.

Débutées en 2018, ces expérimentations « grandeur nature » sont inédites par leur ampleur et le montage du projet fondé sur l’engagement collectif et financier des professionnels et d’une collectivité territoriale, la Région Occitanie.

Aujourd’hui, ce sont plus de 28 ha de plantation qui ont permis de démontrer le potentiel d’adaptation de ces variétés aux différents terroirs de la région.

« Ces cépages produisent des vins qui nous ressemblent, confie Jean-Benoît Cavalier, président de la commission technique du CIVL. Ils sont la promesse de grands vins languedociens. La singularité des variétés Bouquet est d’être une innovation ancrée dans la tradition. Et ce, à deux titres : par la méthode d’obtention utilisée et par leur parenté avec nos cépages régionaux. Ces obtentions variétales n’ont aujourd’hui pas d’équivalent sur le marché ».

Au-delà d’un suivi agronomique, ces expérimentations ont permis aux professionnels de multiplier les dégustations et de valider tout le potentiel qualitatif de ces variétés. Là encore, elles ont été au rendez-vous en confirmant leur haut niveau qualitatif au fil des millésimes. Tous en conviennent, d’autres réponses seront encore à inventer mais la méthode sera probablement à répliquer.

« Ce travail est l’aboutissement d’un engagement collectif fort, témoignent les quatre représentants de la filière. Au-delà d’un matériel végétal exceptionnel, ce fut un ingrédient majeur pour arriver à ce résultat ».